OS BUTTERFLIES
" Je t'aime Bill. Plus que tout et toi tu remarques rien. Je te le reproche pas, c'est juste que.. ça fait mal. Tellement mal. Je te vois partir avec ces filles, ces mecs dont t'as rien à foutre et moi je suis là à t'attendre.. ouais au début je passais mes nuits à pleurer. Maintenant j'essaie de me consoler comme je peux mais c'est dur.
De tout garder pour moi est juste intenable alors voilà je t'écris. Je sais que c'est pathétique parce que toi tu vas sûrement me chercher et te poser des tas de questions, peut être que je te ferais juste pitié.
J'ai envie que tu me trouves mais ca me terrifie parce que je pourrais... tu pourrais me détester pour ça.
mais j'y peux rien si je t'aime à en crever. "
PDV Bill
Trois semaines que je me prends la tête sur cette foutue lettre dactylographiée. c'est forcément quelqu'un de mon entourage et ça me rend complètement fou. Je suis au bord de la crise cardiaque. J'ai fait une liste où la seule personne non rayée est Georg.
Ouais notre bon vieux bassiste. Je l'ai testé un peu et rien.. pourtant...
Gustav est hétéro à cent pour cent. J'ai pensé aussi aux gardes du corps : j'ai failli me prendre un coup de poing dans la gueule en tentant de les aguicher, chacun sa méthode hein.
Heureusement Tom a été plus rapide et m'a sauvé de ce type. On l'a viré et moi je me suis bien fait remonter par David. J'ai plus le droit d'allumer le personnel. Tu parles! Comme si David avait la moindre petite influence sur ma vie! Je le laisse y croire un peu.
Je lui ai montré la lettre et il a tout de suite pris ça au sérieux. Il a engagé quelqu'un. A promis de tout arranger, j'essaie de le croire.
Georg a une petite amie alors il est évincé d'office mais je me souviens qu'avant elle, il me tournait autour alors pourquoi ça aurait changé?
Il a pas pu m'oublier et cette fille ne sait pas faire apparaître ces fameux papillons dans son ventre. Ouais moi j'en rêve toutes les nuits. De tomber amoureux.
Ça m'obsède...
J'ai aussi soupçonné David. Je l'ai légèrement dragué en me jetant sur ses lèvres. Il a éclaté de rires en me poussant! Il s'arrêtait plus, ses yeux pleuraient. Je lui ai expliqué et ça été pire, il me l'a fait répéter et se le repasse en boucle pour se foutre de ma tronche.
C'est très drôle.
Ça aurait pu être drôle si hier j'en avais pas reçu une autre, ouais enfin reçu c'est pas le terme approprié. Parce qu'elles se retrouvent dans mon sac et ça me fait vraiment flipper. Ce type pourrait être n'importe qui.
" Bill, je voulais pas t'effrayer, je suis incapable de te faire du mal, je crois que ça me tuerait si je t'en faisais. Je t'aime trop et il fallait que je te le dise et j'ai trouvé que ce moyen. C'est déloyal, je sais mais tu voulais que je fasse quoi? Que je me pointe devant toi, que je déballe tout, tu m'aurais juste rayé de ta vie alors non. Je pourrais pas le supporter.
Cette enquête servira pas à grand chose, je veux dire, y'a pas d'empreinte sur ces courriers. Ça me fait peur.
J'ai peur que tu devines, t'as toujours eu de l'intuition. A chaque fois que je croise ton regard j'ai la trouille et je me sens vraiment mal. J'en ai marre de souffrir comme ça tu sais. J'aimerais que tu me dises que c'est pas grave, que tu comprends mais le monde ne ressemble pas à Disneyland hein?
Je t'aime. Ça devrait me rendre heureux mais tu vois ça me détruit.
Mais sois heureux. Je te souhaite que ça: du bonheur."
Je suis pas un sans coeur non plus.. et... ouais qu'il vienne me déclarer son amour bien en face! C'est peut-être une fille? Je soupire. Si seulement ce lâche avait un peu de courage. Qu'est ce qu'il en sait hein? Pourquoi je pourrais pas le lui rendre son amour?
Tout ça est tellement frustrant.
Une fille....Le problème c'est qu'à part ma maquilleuse qui me suit partout... partout?
Je la cherche des yeux, oui elle prend cet avion avec nous, tout le monde le prend et on va avoir une petite discussion ma petite Kate. Promis j'essaie la subtilité.
***
Tom serre mon bras doucement et me lance un regard perplexe. J'arrive pas à me calmer et détaille ma superbe et très douée maquilleuse. Tom se l'ai déjà tapé mais ça on s'en fou un peu. Il me serre plus fort et je tombe dans ses prunelles assombries. Elles sont souvent plus sombres à cause de moi.
" Tu me rends nerveux alors calme toi, dors, mate un film je sais pas mais..." me lance-t-il avec de gros yeux.
Je le fixe un moment et me réfugie dans ses bras. Je l'entends soupirer tout en me rendant quand même mon étreinte, gentil jumeau. Ça a toujours été comme ça, il est le seul en qui j'ai confiance, le seul qui sait tout de moi. Le seul à pouvoir me calmer et m'aider.
" Je crois que c'est Kate." Affirmé-je en lui désignant d'un coup de menton.
Il pouffe un peu et moi je suis trop susceptible, je lui pince la hanche. Il grogne mais continue de rire en caressant mes cheveux et bah oui... je deviens de suite plus gentil.
" Ou Gus." Rajouté-je.
" Bill... tu devrais je sais pas... va y avoir cette enquête, ils trouveront sûrement cette personne. Et puis c'est pas comme si elle te menaçait, je pense pas qu'elle te veuille vraiment du mal." Me rassure-t-il.
" Mais tu .. elle me connaît Tom, si ça se trouve on se voit tout les jours et.... Je peux très bien comprendre, je suis pas si terrible que ça, hein? Pourquoi elle vient pas me parler? Je pourrais peut être l'aimer aussi, non ?" Geins-je comme un bébé.
" Elle doit être intimidée et elle sait sûrement qu'elle n'a aucune chance alors comme ça c'est plus facile." M'explique-t-il.
" C'est égoïste et lâche. Moi je ferais jamais un truc aussi tordu, ouais c'est bien un truc de fille ça! Je suis sûr que c'est elle. Merde! Pourquoi elle aurait aucune chance, je fais pas de discriminations, ni sur le sexe, ni sur l'âge alors... nan je comprends vraiment pas." Me plains-je.
J'hésite pas à la montrer du doigts pour appuyer mes dires mais Tom attrape mon bras et le ramène contre lui un sourire en coin. Il m'embrasse le front et tente de me rassurer comme il peut. Il sait que tout ça me fait flipper. Même si je le cache.
" David va péter un câble si tu t'acharnes sur elle. Et puis tu l'aimes bien alors si tu te trompes..." ajoute-t-il en caressant ma tignasse.
"Mais qui c'est alors? Gus hein? Tu sais je suis pas con, je le vois bien qu'il m'a pas totalement oublié même si il me jure le contraire."
Je finis par somnoler dans ses bras et récupérer un peu. J'ai les nerfs à vifs à cause de cette histoire, ça m'empêche de dormir correctement. Je suis trop crevé alors je suis désagréable et irritable. Ils n'ont qu'à s'activer et découvrir l'identité de ce type!
***
Je lui sors mes yeux de cockers battus, il résiste jamais à ça. Il sait que j'ai la trouille de rester seul en ce moment. Pas que je sois une mauviette, mais qui sait si ce type est pas un gros déséquilibré ou un pervers sexuel qui va me torturer hein?
" D'accord c'est bon mais t'as pas intérêt à tirer toute la couette sinon tu finis par terre!" Cède mon grand frère adoré.
Je lui saute au cou en le remerciant. C'est devenu une habitude de dormir avec lui.. je sais qu'à 18 ans c'est un peu beaucoup pathétique mais y'a que lui qui me rassure. Je croise les doigts pour que ca se termine vite.
Je me blottis contre lui et l'agrippe comme un doudou. J'ai vraiment de la chance de l'avoir.
" Merci Tommy.. je t'aime." Lui murmuré-je doucement.
" Je t'aime aussi Bill."
***
Il est vieux, trop poilu à mon goût et son haleine de poisson pourri me donne la nausée. Ses chaussettes sont dépareillées et sa cravate à pois est horrible mais par pure politesse je m'abstiens de tout commentaire. Tom m'accompagne, Tom se soucie beaucoup de tout ça. Ca me touche qu'il s'inquiète autant. Sans lui je crois que je me serais enfermé à double tour dans ma vieille chambre d'enfant, je serais roulé en boule sous ma couette en haïssant ce putain de monde dégénéré. Mais Tom est là et ça change tout.
" Bonjour Mr Kaulitz, donc nous avons examiné les lettres et il n'y a aucune empreinte. Notre profiler a établi un profil psychologique. Il s'agirait d'un homme âgé de 16 à 25 ans. Nous pensons que pour le moment vous ne risquez rien mais il n'est pas impossible que cet individu se sente de plus en plus frustré et aille plus loin. Nous vous conseillons de ne jamais rester seul et d'augmenter la sécurité autour de vous." Déclare d'une traite l'inspecteur Kern.
Je baisse la tête parce que ma vie est déjà très compliquée. Je n'ai que très peu de liberté et ses beaux conseils signifient que je n'en aurais plus du tout. Je suis complètement abattu. Je sens la main de Tom serrer ma cuisse, ça me redonne un peu de courage.
" Je veillerais sur lui." Assure ma moitié.
Le reste de l'entretien se résume à des questions banales qui ne mènent à rien. L'inspecteur élimine Kate mais me promet d'interroger Gus sérieusement, ça me réconforte un peu. Je suis à bout. J'ai envie d'annuler tout ces concerts et de m'enterrer quelque part.
Le monde, les gens, je n'arrive plus à leur faire confiance, j'analyse chacun de leur gestes, chacune de leurs paroles, c'est invivable. J'avale de plus en plus de calmant.
Je sais que je supporterais pas ça très longtemps.
Je ferme la porte et éclate en sanglots dans les bras de mon frère. Je lui trempe son sweat pendant plus de 20 minutes.
" J'en ai tellement marre de toute cette merde Tom! Pourquoi ce type vient pas juste me voir hein? Est ce qu'il sait comment je me sens là? S'il m'aime vraiment pourquoi? Pourquoi il me fait ça? "
...
Je me suis endormi dans ma luxueuse chambre d'hôtel 10 longues heures et pourtant je suis épuisé. Je n'ai aucun appétit. Je suis en pleine dépression. Tom? Où est Tom? Je resserre un peu plus la couette contre moi et me met à rire. Je deviens vraiment paranoïaque.
Complètement parano ouais.
En me laissant retomber mollement sur l'oreiller, ma joue frotte contre une feuille, un mot de Tom, sûrement pour me rassurer.
"Bill, mon Dieu Bill. Je te demande pardon. T'as raison sur toute la ligne. C'était lâche et égoïste de ma part de me cacher derrière ces foutues lettres et je supporte plus de te mettre dans cet état. Je peux plus. Tu mérites pas ça, y'a que moi qui mérite de souffrir. C'est moi qui ai un problème.
Alors je vais aller voir cet inspecteur et tout lui avouer. T'as plus à avoir peur petit frère. Tu es en sécurité maintenant.
Je t'aime. Trop.
Tom."
Quelque chose se brise en moi. Quelque chose qui fait vraiment mal, très mal. Ca me tord le ventre et me paralyse. Me coupe le souffle. Tout mon monde se casse la gueule. Je tente de me calmer mais c'est impossible. J'arrive plus à respirer et suffoque. Je me tiens la gorge. Je m'évanouis.
En pensant à Tom.
***
Deux autres heures se sont écoulées avant que j'émerge. J'ai vomi tout ce que mon estomac contenait. Tom. Putain! Tom est amoureux de moi!
Je suis tellement en colère après moi, après lui! Après le monde entier!
Je pète juste un câble, je suis juste en train devenir fou. C'est juste ma vie qui s'effondre.
Je supporte même plus mon image dans le miroir parce que je le vois lui. Et le fracasse d'un coup de poing. Je sais pas si c'est le sang, le bruit ou les morceaux mais ça me soulage un peu alors je continue et frappe tout ce que je peux.
Je hurle, j'hurle son nom. Je pleure ma rage, ma colère, mon amour.
Je balance tout ce qui me tombe sous la main jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Jusqu'à ce que cette chambre dévastée soit le parfait reflet de mon âme anéantie.
***
Une demi heure. En une demi heure j'ai démoli cette superbe chambre quatre étoiles. Pitoyable. Mes yeux sont tout moches et tout gonflés. Je sais pas quoi faire.
J'arrive même plus à pleurer et ma voix est foutue.
Je me sens tellement con là. Je me lève doucement et ressort les lettres, des copies. La police garde les originaux C'est évident qu'il souffre mais moi hein? Et moi dans tout ça?
Quelle ironie!
Moi qui désire tellement être aimé de cette façon. Et je ris, je ris de cette putain de tragédie, de ma vie.
***
Je crois que cette tenue là est encore plus affreuse que la précédente et je m'interroge sérieusement: qui ose vendre des fringues aussi laides ? Sûrement un qui en a après l'Humanité, assurément. Son pantalon gris rayé de grosses lignes noires et sa cravate jaune me donnent la migraine.
" Vous êtes certain de ne pas vouloir porter plainte !" Me demande l'inspecteur.
" Oui, je veux juste que vous relâchiez mon frère et que vous oubliez tout ça. Y'a plus de danger maintenant. Il est venu vous voir non? Au lieu de me sauter dessus?" M'enquis-je.
Il soupire déçu. Il comprend que je ne changerais pas d'avis. Je ne peux pas envoyer Tom en prison pour ça. Aimer ne peut pas être un crime. Et puis, et puis je suis incapable de vivre sans lui.
***
Je retourne directement à l'hôtel. David me tombe dessus et m'incendie littéralement. J'ai supplié l'inspecteur de se taire. Il a accepté même si j'ai lu de l'incompréhension dans ses yeux, je crois qu'il est d'accord avec moi sur le fait que Tom est inoffensif.
" Merde Bill! Y'en a pour 20 000 euros de dégâts et la prod ne compte pas payer pour ça!" M'engueule-t-il.
" Je paierais okay. Je veux juste monter là." Lui lance-je d'une voix lasse.
Ma chambre est inhabitable alors par habitude ou résignation je me rends dans celle de mon jumeau, de ma moitié qui aurait préféré se faire enfermer que de me faire souffrir ....
C'est beau. Beau à en pleurer.
Je m'écroule sur son lit et tombe dans un sommeil profond.
***
Je grogne. Des crampes horribles dans le ventre m'ont réveillées. Je cligne plusieurs fois des yeux, il fait nuit noir. Une nuit sans Lune. Je me retourne et aperçois Tom endormi sur le canapé inconfortable juste en face.
Je me redresse péniblement et me dirige à tâtons vers la salle de bain. J'appuie sur l'interrupteur en me tortillant de douleur, putain! Je vais jamais survivre à toute cette merde. Je cherche de l'aspirine comme un drogué sa coke. Mais impossible de trouver ce foutu tube! La douleur me plie en deux. J'ai trop mal. Mes yeux s'embuent. J'essuie ça d'un revers de main et met sans dessus dessous les tiroirs qui finissent par se casser la gueule sur mon pied nu.
" Sheibe!"
J'en ai tellement marre. Je tombe sur le sol dans un bruit sourd. En larmes. J'entends des pas et...
" Bill... est ce que... est ce que je peux t'aider?" s'enquiert Tom d'une toute petite voix.
" J'ai mal au ventre alors j'ai voulu de l'aspirine mais je la trouve pas et puis ce con de tiroir m'est tombé dessus alors maintenant j'ai mal au pied tu vois et puis je pleure et ça me donne mal à la tête et..." Pleurniché-je.
J'éclate complètement. C'est trop pour moi. Tom s'approche doucement. Ramasse un peu le foutoir, ouvre un placard un peu plus haut et sort un verre. J'entends le spppccchhh du cachet qui se désintègre et ça me calme. Il s'accroupit devant moi en me le tendant. La tête baissée.
" Merci."
Il s'active encore et mouille un gant d'eau fraîche pour le poser doucement sur mon pied à peine blessé.
" Je te demande pardon Bill." Chuchote-t-il.
Aucun mot, je n'ai aucun mot pour le réconforter. Il me faut du temps. Il se relève en me laissant seul dans cette petite pièce. Je préfère quand il est là. J'avale le médicament d'une traite. Dégueulasse.
Je me sens un peu mieux.
Je me faufile vite bien au chaud sous la couette. Et jette un oeil au passage. Je grimace en remarquant la position de Tom, il va avoir plein de courbatures.
" Tom, le lit est assez grand tu sais."
Il plonge ses yeux dans les miens, je l'ai jamais vu si paumé et ça me serre un peu plus le ventre, le coeur. Me broie tout entier.
" Tu.. tu es sûr?"
Je lui tend un petit sourire rassurant. J'ai encore confiance en lui. Tout n'est pas cassé.
***
Un chèque de 20 000 euros plus tard.
"Je te comprends pas Bill! " déclare David.
Oui David a pour obligation d'être une vraie mère poule et là ça m'agace plus qu'autre chose. Il est au bord de la crise cardiaque. Et l'inspecteur exaspéré par ses appels à son bureau, sur son portable, à son domicile et même sur le portable de sa femme lui a avoué presque tout. Ouais.
Et surtout le fait que je refuse de porter plainte et exigé la libération de mon harceleur.
"David, ce mec est juste inoffensif et l'inspecteur est d'accord avec ça okay?" M'énervé -je.
" Mais si il recommençait hein? Avec quelqu'un d'autre." Marmonne-t-il.
" Ça suffit. Ça n'arrivera pas. Et j'ai plus 13 ans alors lâche moi avec ça." Rétorqué-je
Je claque la porte bien fort. Tom m'attend nerveusement dehors. Des mégots traînent à côté de ses baskets. Il transpire le regret mais je ne peux rien faire pour ça. Juste garder ce secret pour nous. Je m'adosse au mur à côté de lui. Nos épaules se touchent.
" Je voulais pas de créer d'ennuis et..."
" C'est bon Tom. Je suis pas en sucre non plus. Je veux juste oublier ça pour le moment mais un jour, un jour j'essaierais de comprendre."
" Merci."
C'est le dernier concert et après on se retrouvera tout les deux dans notre appart à Berlin. Home sweet home. Il n'ose plus me toucher et fait attention à tout. Il a tellement peur de me blesser. Raté parce que ça me blesse cette distance, parce que je l'aime toujours et ça me tue de le voir comme ça.
Oui le dernier concert, la dernière partie est bientôt terminée. Je m'approche doucement de lui.
" Hey?"
" Hey?" Me répond-t-il en me souriant timidement.
Je suis obligé de me baisser pour croiser son regard, il finit par rire en relevant franchement ses yeux dans les miens. Il semble aller mieux et ça me rassure. J'espère juste que c'est pas une façade pour me protéger parce que Tom a toujours été comme ça. A se sacrifier pour moi.
Je lui donne un coup d'épaule qu'il me rend et ca dégénère en vraie bagarre puérile. Juste ce qu'il faut pour faire redescendre le stress.
***
Heureux. Je saute dans les pattes de mes chiens en rigolant. Ces bestioles m'ont trop manquées. Je ris franchement quand elles tentent de me barbouiller le visage avec leurs langues. Et puis ils bondissent sur Tom qui verrouille la porte. C'est bon d'être enfin à la maison.
***
Un film d'action américain tout prévisible et ennuyeux à souhait va avoir raison de moi. Mon jumeau, lui, semble captivé par ce navet. Pffff ! Je m'ennuie et ma mâchoire se décroche dès que je baille.... Mes pensées divaguent. Je repense à tout ça.
" Depuis quand?" l'interrogé-je.
Il machouille une espèce de truc gélatineux trop sucré en me dévisageant, une seconde passe avant qu'il ne se fige et baisse la tête. Il a compris. Je soupire. Il choppe la télécommande et coupe le son. Je sais qu'il déteste aborder ce genre de choses mais il essaie pour moi.
" Je sais pas exactement, tu me manquais et j'ai pas compris tout de suite ce que c'était et puis quand je... je t'ai vu avec ce Dylan.." déclare-t-il tout honteux.
Je grimace. C'est un très mauvais souvenir, ce con a failli m'arracher la queue.
" Ça m'a frappé comme... et j'ai pas voulu y croire. Croire que j'étais amoureux de mon frère, c'était tellement surréaliste alors au début j'ai fait comme toi et baisais toutes les filles que je pouvais pour oublier mais ça a pas marché. Et j'ai du faire avec sauf que j'y suis jamais arrivé." Avoue-t-il.
D'ici je peux voir sa lèvre trembler et ses yeux briller, j'ouvre mes bras.
" Viens là Tomi."
Il se jette carrément sur moi en pleurant comme.. Tom ne pleure jamais et moi je n'ai jamais été vraiment amoureux, je sais juste que ça peut être merveilleux, je ne pense jamais aux mauvais côtés.
" Je suis tellement désolé Bill."
" Chuttt."
***
Cette nuit là et de nombreuses autres je le laissais dormir avec moi, ça ne me dérange pas. J'aime sa présence. Et ça semble l'apaiser. Même si je doute que ce soit une bonne chose.
Il occupe toutes mes pensées. Et quand je dis toutes...
Je me rends bien compte que j'aime ça: que quelqu'un soit amoureux de moi. Je deviens accroc à ça, à ses regards, ses sourires, toutes ses petites attentions mais..
Je ne dois pas. Je ne l'aimais pas comme ça. Pas comme lui.
***
Cet andouille n'a pas changé d'un poil. On s'est jeté dans les bras l'un de l'autre en sautillant comme des fous. Je passe la journée avec lui et peut être la nuit aussi. Il est mon meilleur ami, mon confident et à l'occasion mon amant...
***
On a parlé de tout sauf de ça...
" Dis Bill... ce type qui te harcelait, vous l'avez coincé?" lâche-t-il comme une bombe.
Je m'étouffe presque avec mon Seven Up en relevant les yeux vers lui. Il.. on balance pas des questions pareilles sans un peu de tact, nan?
Andy:" Désolé mais ca te stressait tellement, je me suis inquiété, j'ai vraiment eu peur que tu tiennes pas le coup et je voudrais être sur que tu es en sécurité."
Pouvais-je lui en parler ? Il est moins coincé et étroit d'esprit que la plupart des gens que je connais et un avis extérieur m'aiderait sûrement.
" Ouais, en fait il s'est dénoncé. Il supportait plus de me faire du mal tu sais. Il était prêt à se faire enfermer et.. il n'a fait que m'aimer alors j'ai demandé sa libération." Lui expliqué-je
" Bill, putain! Après le mal qu'il t'a fait? Tu te rends pas compte ce genre de pervers ne s'arrête jamais. Et qui est ce connard au fait?" S'indigne-t-il.
" C'est pas un connard. Ni un pervers.. et c'est... putain Andy tu le diras à personne hein? Je peux te faire confiance?" lui rétorqué-je en me rembrumant.
Il médite, il sait que c'est important. Sait que s'il me trahit il me perd et perd Tom aussi. Il soupire et hoche finalement la tête.
" Oui Bill, vas y. Je te promets de garder ton secret." Affirme-t-il d'un ton grave.
" Y'a que l'inspecteur, moi et lui qui sont au courant et c'est.. tu sais tu vas trouver ça étrange mais je veux pas que tu le juges parce que j'y tiens à cette personne tu sais?" Lui avoué-je hésitant.
" Est ce que tu serais tombé sous son charme?" M'interroge-t-il d'un ton amusé.
Mes joues s'empourprent sans que je commande rien et je bégaie un truc incompréhensible ce qui le fait bien marrer. Il démord pas du fait que je craque pour ce mec et peut être ... peut être qu'il n'a pas tout à fait tort.
" Bon alors t'accouches?" S'impatiente-t-il.
" C'est Tom." Lui balancé-je très vite.
Il devient rouge , plus rouge.. merde! Il s'étouffe avec une fraise tagada. Je panique et frappe son dos de toutes mes forces, il tousse et je la vois voler par dessus la table et s'écraser au pied du meuble télé..
Ses yeux qui pleurent encore et sa bouche toujours en forme de O me rendent vraiment très nerveux. J'ai peut être commis la plus grosse boulette de toute ma vie.
Je ne peux plus soutenir son regard, de toutes façons je ne parviens pas à le décrypter. J'admire sa moquette. Ce silence est stressant et surtout interminable. Je soupire d'angoisse. Gratte mon vernis.
Je distingue le bruit de longues gorgées ... et attend... magnifique moquette.
" Okay... Tom? C'est pas... putain! Mais vous êtes jumeaux bordel!" s'exclame-t-il encore sous le coup de la surprise.
Il se lève brusquement et marche en long, en large et en travers en répétant des sheibe, j'y crois pas et autres Mein Gott. Je suis du genre très nul pour réagir et me contente de me recroqueviller entre les coussins moelleux du canapé jusqu'à ce que ça se passe. Au bout d'autres longues minutes, il s'affale à côté de moi.
" Et.. il est allé aux flics ce con? Pour se dénoncer?" Demande-t-il la tête plongée dans ses mains.
J'étire un petit sourire en triturant le bas de mon haut trop long.
" Il.. il ne voulait pas me faire de mal, il... il en souffre tellement de tout ça. Si je reste pas avec lui la nuit, il dort pas et passe son temps à pleurer. Ça me rend malade et puis...." lui murmuré-je en hochant lentement la tête.
Tu sais c'est agréable d'être le centre de son monde."
"Non! Non et non! T'arrêtes ça de suite Bill.. tu... tu vas pas t'y mettre aussi et en plus si tu trouves juste ça bien tu vas le faire espérer pour rien et ce sera encore pire. Alors laisse lui avoir son gros chagrin d'amour et.. et il passera à autre chose. C'est le meilleur conseil que je peux te donner. De mettre de la distance!" Me préconise-t-il toujours choqué.
Ses mots tournent dans ma tête mais quelque chose me dérange, pourtant ses conseils sont censés mais non, je n'aime pas ça, et ne veut pas mettre de distance. J'ai besoin de mon Tomi moi, comment vous voulez mettre de la distance avec la personne qui partage toute votre vie et qui vous aime plus fort que tout ? Moi j'en suis incapable.
***
En quelques semaines, on s'est beaucoup rapprochés, on a beaucoup parlé.
Comme ce soir .. ouais ce soir...
Je suis sur le cul. Il ne me demande pas vraiment ça? C'est juste un rêve, ouais je rêve là. Ou ce sont mes oreilles qui délirent?
Je déglutis. J'ai les yeux grands ouverts et les bras ballants.
" Alors, tu.. tu en penses quoi?" Insiste Tom d'une voix très très mal assurée.
Attends, tu veux.. là... je.... je ferme les yeux très fort parce que ca me fou la trouille. Je suis pas prêt pour tout ça mais pas prêt du tout. Les paroles d'Andy me reviennent comme un boomerang, oui parce qu'Andy fait tout ce qu'il peut pour me raisonner et la dernière fois ça c'est super mal terminé. Je supporte pas que quiconque veuille m'éloigner de Tom. J'ai jamais pu le supporter.
Et malgré ces centaines de messages pour s'excuser bah je l'ai pas rappelé. Pas envie d'entendre ses conneries, oui c'est ma conclusion: Andy ne sort que de la merde sur Tom et moi!
Mon jumeau se tient devant moi en me fixant avec ses grands yeux noisettes tout plein d'inquiétude. Il est trop chouppy là. Je lui offre un petit sourire. Oui oui Tom m'a juste .... il squatte ma chambre maintenant et là... tout ça c'est un peu brutal.
On est devenu inséparables.
Il m'a .. je le crois pas qu'il ose me demander d'être son petit ami. C'est super flatteur mais... c'est mon frère !
Il sait que je vois plus personne, parce qu'il me suffit, sa présence me suffit. Son amour me suffit.
Mes muscles se décrispent un peu.
" Tu sais je comprendrais que tu refuses hein.. je... je sais que c'est.. mais on est si proches que ... enfin voilà. Je veux pas bouffer ta vie non plus et je me suis rendu compte que c'était ce que je faisais alors autant le faire complètement? Sinon, repousse moi une bonne fois pour toutes Bill parce que moi, je, j'ai du mal à te suivre tu sais. Dis moi juste ce que tu veux."
Le repousser? Et là je comprends que j'en suis foutrement incapable. Et baisse les yeux. Mon sourire s'étire encore plus. Il est tellement adorable. J'en suis sûr à présent.
"Oui." Lui réponds-je.
Je rougis un peu et gratte le lino avec le bout de ma chaussure. Je devine que ses yeux papillonnent un moment avant que l'info atteigne ses neurones et puis.. il bondit en l'air avant de m'étouffer très fort contre lui en pleurant de joie.
" Et je .. je peux t'embrasser?" Chuchote-t-il au creux de mon oreille.
J'hoche lentement la tête. Ses lèvres se posent sur les miennes avec une douceur déconcertante, mes yeux se ferment et des frissons me font perdre pied.
Sa langue me caresse doucement, trace les contours de mes lèvres et moi je fonds toujours plus. Je gémis. Une larme de bonheur roule sur ma joue parce-que...
Ces fameux papillons, je les sens enfin.
De tout garder pour moi est juste intenable alors voilà je t'écris. Je sais que c'est pathétique parce que toi tu vas sûrement me chercher et te poser des tas de questions, peut être que je te ferais juste pitié.
J'ai envie que tu me trouves mais ca me terrifie parce que je pourrais... tu pourrais me détester pour ça.
mais j'y peux rien si je t'aime à en crever. "
PDV Bill
Trois semaines que je me prends la tête sur cette foutue lettre dactylographiée. c'est forcément quelqu'un de mon entourage et ça me rend complètement fou. Je suis au bord de la crise cardiaque. J'ai fait une liste où la seule personne non rayée est Georg.
Ouais notre bon vieux bassiste. Je l'ai testé un peu et rien.. pourtant...
Gustav est hétéro à cent pour cent. J'ai pensé aussi aux gardes du corps : j'ai failli me prendre un coup de poing dans la gueule en tentant de les aguicher, chacun sa méthode hein.
Heureusement Tom a été plus rapide et m'a sauvé de ce type. On l'a viré et moi je me suis bien fait remonter par David. J'ai plus le droit d'allumer le personnel. Tu parles! Comme si David avait la moindre petite influence sur ma vie! Je le laisse y croire un peu.
Je lui ai montré la lettre et il a tout de suite pris ça au sérieux. Il a engagé quelqu'un. A promis de tout arranger, j'essaie de le croire.
Georg a une petite amie alors il est évincé d'office mais je me souviens qu'avant elle, il me tournait autour alors pourquoi ça aurait changé?
Il a pas pu m'oublier et cette fille ne sait pas faire apparaître ces fameux papillons dans son ventre. Ouais moi j'en rêve toutes les nuits. De tomber amoureux.
Ça m'obsède...
J'ai aussi soupçonné David. Je l'ai légèrement dragué en me jetant sur ses lèvres. Il a éclaté de rires en me poussant! Il s'arrêtait plus, ses yeux pleuraient. Je lui ai expliqué et ça été pire, il me l'a fait répéter et se le repasse en boucle pour se foutre de ma tronche.
C'est très drôle.
Ça aurait pu être drôle si hier j'en avais pas reçu une autre, ouais enfin reçu c'est pas le terme approprié. Parce qu'elles se retrouvent dans mon sac et ça me fait vraiment flipper. Ce type pourrait être n'importe qui.
" Bill, je voulais pas t'effrayer, je suis incapable de te faire du mal, je crois que ça me tuerait si je t'en faisais. Je t'aime trop et il fallait que je te le dise et j'ai trouvé que ce moyen. C'est déloyal, je sais mais tu voulais que je fasse quoi? Que je me pointe devant toi, que je déballe tout, tu m'aurais juste rayé de ta vie alors non. Je pourrais pas le supporter.
Cette enquête servira pas à grand chose, je veux dire, y'a pas d'empreinte sur ces courriers. Ça me fait peur.
J'ai peur que tu devines, t'as toujours eu de l'intuition. A chaque fois que je croise ton regard j'ai la trouille et je me sens vraiment mal. J'en ai marre de souffrir comme ça tu sais. J'aimerais que tu me dises que c'est pas grave, que tu comprends mais le monde ne ressemble pas à Disneyland hein?
Je t'aime. Ça devrait me rendre heureux mais tu vois ça me détruit.
Mais sois heureux. Je te souhaite que ça: du bonheur."
Je suis pas un sans coeur non plus.. et... ouais qu'il vienne me déclarer son amour bien en face! C'est peut-être une fille? Je soupire. Si seulement ce lâche avait un peu de courage. Qu'est ce qu'il en sait hein? Pourquoi je pourrais pas le lui rendre son amour?
Tout ça est tellement frustrant.
Une fille....Le problème c'est qu'à part ma maquilleuse qui me suit partout... partout?
Je la cherche des yeux, oui elle prend cet avion avec nous, tout le monde le prend et on va avoir une petite discussion ma petite Kate. Promis j'essaie la subtilité.
***
Tom serre mon bras doucement et me lance un regard perplexe. J'arrive pas à me calmer et détaille ma superbe et très douée maquilleuse. Tom se l'ai déjà tapé mais ça on s'en fou un peu. Il me serre plus fort et je tombe dans ses prunelles assombries. Elles sont souvent plus sombres à cause de moi.
" Tu me rends nerveux alors calme toi, dors, mate un film je sais pas mais..." me lance-t-il avec de gros yeux.
Je le fixe un moment et me réfugie dans ses bras. Je l'entends soupirer tout en me rendant quand même mon étreinte, gentil jumeau. Ça a toujours été comme ça, il est le seul en qui j'ai confiance, le seul qui sait tout de moi. Le seul à pouvoir me calmer et m'aider.
" Je crois que c'est Kate." Affirmé-je en lui désignant d'un coup de menton.
Il pouffe un peu et moi je suis trop susceptible, je lui pince la hanche. Il grogne mais continue de rire en caressant mes cheveux et bah oui... je deviens de suite plus gentil.
" Ou Gus." Rajouté-je.
" Bill... tu devrais je sais pas... va y avoir cette enquête, ils trouveront sûrement cette personne. Et puis c'est pas comme si elle te menaçait, je pense pas qu'elle te veuille vraiment du mal." Me rassure-t-il.
" Mais tu .. elle me connaît Tom, si ça se trouve on se voit tout les jours et.... Je peux très bien comprendre, je suis pas si terrible que ça, hein? Pourquoi elle vient pas me parler? Je pourrais peut être l'aimer aussi, non ?" Geins-je comme un bébé.
" Elle doit être intimidée et elle sait sûrement qu'elle n'a aucune chance alors comme ça c'est plus facile." M'explique-t-il.
" C'est égoïste et lâche. Moi je ferais jamais un truc aussi tordu, ouais c'est bien un truc de fille ça! Je suis sûr que c'est elle. Merde! Pourquoi elle aurait aucune chance, je fais pas de discriminations, ni sur le sexe, ni sur l'âge alors... nan je comprends vraiment pas." Me plains-je.
J'hésite pas à la montrer du doigts pour appuyer mes dires mais Tom attrape mon bras et le ramène contre lui un sourire en coin. Il m'embrasse le front et tente de me rassurer comme il peut. Il sait que tout ça me fait flipper. Même si je le cache.
" David va péter un câble si tu t'acharnes sur elle. Et puis tu l'aimes bien alors si tu te trompes..." ajoute-t-il en caressant ma tignasse.
"Mais qui c'est alors? Gus hein? Tu sais je suis pas con, je le vois bien qu'il m'a pas totalement oublié même si il me jure le contraire."
Je finis par somnoler dans ses bras et récupérer un peu. J'ai les nerfs à vifs à cause de cette histoire, ça m'empêche de dormir correctement. Je suis trop crevé alors je suis désagréable et irritable. Ils n'ont qu'à s'activer et découvrir l'identité de ce type!
***
Je lui sors mes yeux de cockers battus, il résiste jamais à ça. Il sait que j'ai la trouille de rester seul en ce moment. Pas que je sois une mauviette, mais qui sait si ce type est pas un gros déséquilibré ou un pervers sexuel qui va me torturer hein?
" D'accord c'est bon mais t'as pas intérêt à tirer toute la couette sinon tu finis par terre!" Cède mon grand frère adoré.
Je lui saute au cou en le remerciant. C'est devenu une habitude de dormir avec lui.. je sais qu'à 18 ans c'est un peu beaucoup pathétique mais y'a que lui qui me rassure. Je croise les doigts pour que ca se termine vite.
Je me blottis contre lui et l'agrippe comme un doudou. J'ai vraiment de la chance de l'avoir.
" Merci Tommy.. je t'aime." Lui murmuré-je doucement.
" Je t'aime aussi Bill."
***
Il est vieux, trop poilu à mon goût et son haleine de poisson pourri me donne la nausée. Ses chaussettes sont dépareillées et sa cravate à pois est horrible mais par pure politesse je m'abstiens de tout commentaire. Tom m'accompagne, Tom se soucie beaucoup de tout ça. Ca me touche qu'il s'inquiète autant. Sans lui je crois que je me serais enfermé à double tour dans ma vieille chambre d'enfant, je serais roulé en boule sous ma couette en haïssant ce putain de monde dégénéré. Mais Tom est là et ça change tout.
" Bonjour Mr Kaulitz, donc nous avons examiné les lettres et il n'y a aucune empreinte. Notre profiler a établi un profil psychologique. Il s'agirait d'un homme âgé de 16 à 25 ans. Nous pensons que pour le moment vous ne risquez rien mais il n'est pas impossible que cet individu se sente de plus en plus frustré et aille plus loin. Nous vous conseillons de ne jamais rester seul et d'augmenter la sécurité autour de vous." Déclare d'une traite l'inspecteur Kern.
Je baisse la tête parce que ma vie est déjà très compliquée. Je n'ai que très peu de liberté et ses beaux conseils signifient que je n'en aurais plus du tout. Je suis complètement abattu. Je sens la main de Tom serrer ma cuisse, ça me redonne un peu de courage.
" Je veillerais sur lui." Assure ma moitié.
Le reste de l'entretien se résume à des questions banales qui ne mènent à rien. L'inspecteur élimine Kate mais me promet d'interroger Gus sérieusement, ça me réconforte un peu. Je suis à bout. J'ai envie d'annuler tout ces concerts et de m'enterrer quelque part.
Le monde, les gens, je n'arrive plus à leur faire confiance, j'analyse chacun de leur gestes, chacune de leurs paroles, c'est invivable. J'avale de plus en plus de calmant.
Je sais que je supporterais pas ça très longtemps.
Je ferme la porte et éclate en sanglots dans les bras de mon frère. Je lui trempe son sweat pendant plus de 20 minutes.
" J'en ai tellement marre de toute cette merde Tom! Pourquoi ce type vient pas juste me voir hein? Est ce qu'il sait comment je me sens là? S'il m'aime vraiment pourquoi? Pourquoi il me fait ça? "
...
Je me suis endormi dans ma luxueuse chambre d'hôtel 10 longues heures et pourtant je suis épuisé. Je n'ai aucun appétit. Je suis en pleine dépression. Tom? Où est Tom? Je resserre un peu plus la couette contre moi et me met à rire. Je deviens vraiment paranoïaque.
Complètement parano ouais.
En me laissant retomber mollement sur l'oreiller, ma joue frotte contre une feuille, un mot de Tom, sûrement pour me rassurer.
"Bill, mon Dieu Bill. Je te demande pardon. T'as raison sur toute la ligne. C'était lâche et égoïste de ma part de me cacher derrière ces foutues lettres et je supporte plus de te mettre dans cet état. Je peux plus. Tu mérites pas ça, y'a que moi qui mérite de souffrir. C'est moi qui ai un problème.
Alors je vais aller voir cet inspecteur et tout lui avouer. T'as plus à avoir peur petit frère. Tu es en sécurité maintenant.
Je t'aime. Trop.
Tom."
Quelque chose se brise en moi. Quelque chose qui fait vraiment mal, très mal. Ca me tord le ventre et me paralyse. Me coupe le souffle. Tout mon monde se casse la gueule. Je tente de me calmer mais c'est impossible. J'arrive plus à respirer et suffoque. Je me tiens la gorge. Je m'évanouis.
En pensant à Tom.
***
Deux autres heures se sont écoulées avant que j'émerge. J'ai vomi tout ce que mon estomac contenait. Tom. Putain! Tom est amoureux de moi!
Je suis tellement en colère après moi, après lui! Après le monde entier!
Je pète juste un câble, je suis juste en train devenir fou. C'est juste ma vie qui s'effondre.
Je supporte même plus mon image dans le miroir parce que je le vois lui. Et le fracasse d'un coup de poing. Je sais pas si c'est le sang, le bruit ou les morceaux mais ça me soulage un peu alors je continue et frappe tout ce que je peux.
Je hurle, j'hurle son nom. Je pleure ma rage, ma colère, mon amour.
Je balance tout ce qui me tombe sous la main jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Jusqu'à ce que cette chambre dévastée soit le parfait reflet de mon âme anéantie.
***
Une demi heure. En une demi heure j'ai démoli cette superbe chambre quatre étoiles. Pitoyable. Mes yeux sont tout moches et tout gonflés. Je sais pas quoi faire.
J'arrive même plus à pleurer et ma voix est foutue.
Je me sens tellement con là. Je me lève doucement et ressort les lettres, des copies. La police garde les originaux C'est évident qu'il souffre mais moi hein? Et moi dans tout ça?
Quelle ironie!
Moi qui désire tellement être aimé de cette façon. Et je ris, je ris de cette putain de tragédie, de ma vie.
***
Je crois que cette tenue là est encore plus affreuse que la précédente et je m'interroge sérieusement: qui ose vendre des fringues aussi laides ? Sûrement un qui en a après l'Humanité, assurément. Son pantalon gris rayé de grosses lignes noires et sa cravate jaune me donnent la migraine.
" Vous êtes certain de ne pas vouloir porter plainte !" Me demande l'inspecteur.
" Oui, je veux juste que vous relâchiez mon frère et que vous oubliez tout ça. Y'a plus de danger maintenant. Il est venu vous voir non? Au lieu de me sauter dessus?" M'enquis-je.
Il soupire déçu. Il comprend que je ne changerais pas d'avis. Je ne peux pas envoyer Tom en prison pour ça. Aimer ne peut pas être un crime. Et puis, et puis je suis incapable de vivre sans lui.
***
Je retourne directement à l'hôtel. David me tombe dessus et m'incendie littéralement. J'ai supplié l'inspecteur de se taire. Il a accepté même si j'ai lu de l'incompréhension dans ses yeux, je crois qu'il est d'accord avec moi sur le fait que Tom est inoffensif.
" Merde Bill! Y'en a pour 20 000 euros de dégâts et la prod ne compte pas payer pour ça!" M'engueule-t-il.
" Je paierais okay. Je veux juste monter là." Lui lance-je d'une voix lasse.
Ma chambre est inhabitable alors par habitude ou résignation je me rends dans celle de mon jumeau, de ma moitié qui aurait préféré se faire enfermer que de me faire souffrir ....
C'est beau. Beau à en pleurer.
Je m'écroule sur son lit et tombe dans un sommeil profond.
***
Je grogne. Des crampes horribles dans le ventre m'ont réveillées. Je cligne plusieurs fois des yeux, il fait nuit noir. Une nuit sans Lune. Je me retourne et aperçois Tom endormi sur le canapé inconfortable juste en face.
Je me redresse péniblement et me dirige à tâtons vers la salle de bain. J'appuie sur l'interrupteur en me tortillant de douleur, putain! Je vais jamais survivre à toute cette merde. Je cherche de l'aspirine comme un drogué sa coke. Mais impossible de trouver ce foutu tube! La douleur me plie en deux. J'ai trop mal. Mes yeux s'embuent. J'essuie ça d'un revers de main et met sans dessus dessous les tiroirs qui finissent par se casser la gueule sur mon pied nu.
" Sheibe!"
J'en ai tellement marre. Je tombe sur le sol dans un bruit sourd. En larmes. J'entends des pas et...
" Bill... est ce que... est ce que je peux t'aider?" s'enquiert Tom d'une toute petite voix.
" J'ai mal au ventre alors j'ai voulu de l'aspirine mais je la trouve pas et puis ce con de tiroir m'est tombé dessus alors maintenant j'ai mal au pied tu vois et puis je pleure et ça me donne mal à la tête et..." Pleurniché-je.
J'éclate complètement. C'est trop pour moi. Tom s'approche doucement. Ramasse un peu le foutoir, ouvre un placard un peu plus haut et sort un verre. J'entends le spppccchhh du cachet qui se désintègre et ça me calme. Il s'accroupit devant moi en me le tendant. La tête baissée.
" Merci."
Il s'active encore et mouille un gant d'eau fraîche pour le poser doucement sur mon pied à peine blessé.
" Je te demande pardon Bill." Chuchote-t-il.
Aucun mot, je n'ai aucun mot pour le réconforter. Il me faut du temps. Il se relève en me laissant seul dans cette petite pièce. Je préfère quand il est là. J'avale le médicament d'une traite. Dégueulasse.
Je me sens un peu mieux.
Je me faufile vite bien au chaud sous la couette. Et jette un oeil au passage. Je grimace en remarquant la position de Tom, il va avoir plein de courbatures.
" Tom, le lit est assez grand tu sais."
Il plonge ses yeux dans les miens, je l'ai jamais vu si paumé et ça me serre un peu plus le ventre, le coeur. Me broie tout entier.
" Tu.. tu es sûr?"
Je lui tend un petit sourire rassurant. J'ai encore confiance en lui. Tout n'est pas cassé.
***
Un chèque de 20 000 euros plus tard.
"Je te comprends pas Bill! " déclare David.
Oui David a pour obligation d'être une vraie mère poule et là ça m'agace plus qu'autre chose. Il est au bord de la crise cardiaque. Et l'inspecteur exaspéré par ses appels à son bureau, sur son portable, à son domicile et même sur le portable de sa femme lui a avoué presque tout. Ouais.
Et surtout le fait que je refuse de porter plainte et exigé la libération de mon harceleur.
"David, ce mec est juste inoffensif et l'inspecteur est d'accord avec ça okay?" M'énervé -je.
" Mais si il recommençait hein? Avec quelqu'un d'autre." Marmonne-t-il.
" Ça suffit. Ça n'arrivera pas. Et j'ai plus 13 ans alors lâche moi avec ça." Rétorqué-je
Je claque la porte bien fort. Tom m'attend nerveusement dehors. Des mégots traînent à côté de ses baskets. Il transpire le regret mais je ne peux rien faire pour ça. Juste garder ce secret pour nous. Je m'adosse au mur à côté de lui. Nos épaules se touchent.
" Je voulais pas de créer d'ennuis et..."
" C'est bon Tom. Je suis pas en sucre non plus. Je veux juste oublier ça pour le moment mais un jour, un jour j'essaierais de comprendre."
" Merci."
C'est le dernier concert et après on se retrouvera tout les deux dans notre appart à Berlin. Home sweet home. Il n'ose plus me toucher et fait attention à tout. Il a tellement peur de me blesser. Raté parce que ça me blesse cette distance, parce que je l'aime toujours et ça me tue de le voir comme ça.
Oui le dernier concert, la dernière partie est bientôt terminée. Je m'approche doucement de lui.
" Hey?"
" Hey?" Me répond-t-il en me souriant timidement.
Je suis obligé de me baisser pour croiser son regard, il finit par rire en relevant franchement ses yeux dans les miens. Il semble aller mieux et ça me rassure. J'espère juste que c'est pas une façade pour me protéger parce que Tom a toujours été comme ça. A se sacrifier pour moi.
Je lui donne un coup d'épaule qu'il me rend et ca dégénère en vraie bagarre puérile. Juste ce qu'il faut pour faire redescendre le stress.
***
Heureux. Je saute dans les pattes de mes chiens en rigolant. Ces bestioles m'ont trop manquées. Je ris franchement quand elles tentent de me barbouiller le visage avec leurs langues. Et puis ils bondissent sur Tom qui verrouille la porte. C'est bon d'être enfin à la maison.
***
Un film d'action américain tout prévisible et ennuyeux à souhait va avoir raison de moi. Mon jumeau, lui, semble captivé par ce navet. Pffff ! Je m'ennuie et ma mâchoire se décroche dès que je baille.... Mes pensées divaguent. Je repense à tout ça.
" Depuis quand?" l'interrogé-je.
Il machouille une espèce de truc gélatineux trop sucré en me dévisageant, une seconde passe avant qu'il ne se fige et baisse la tête. Il a compris. Je soupire. Il choppe la télécommande et coupe le son. Je sais qu'il déteste aborder ce genre de choses mais il essaie pour moi.
" Je sais pas exactement, tu me manquais et j'ai pas compris tout de suite ce que c'était et puis quand je... je t'ai vu avec ce Dylan.." déclare-t-il tout honteux.
Je grimace. C'est un très mauvais souvenir, ce con a failli m'arracher la queue.
" Ça m'a frappé comme... et j'ai pas voulu y croire. Croire que j'étais amoureux de mon frère, c'était tellement surréaliste alors au début j'ai fait comme toi et baisais toutes les filles que je pouvais pour oublier mais ça a pas marché. Et j'ai du faire avec sauf que j'y suis jamais arrivé." Avoue-t-il.
D'ici je peux voir sa lèvre trembler et ses yeux briller, j'ouvre mes bras.
" Viens là Tomi."
Il se jette carrément sur moi en pleurant comme.. Tom ne pleure jamais et moi je n'ai jamais été vraiment amoureux, je sais juste que ça peut être merveilleux, je ne pense jamais aux mauvais côtés.
" Je suis tellement désolé Bill."
" Chuttt."
***
Cette nuit là et de nombreuses autres je le laissais dormir avec moi, ça ne me dérange pas. J'aime sa présence. Et ça semble l'apaiser. Même si je doute que ce soit une bonne chose.
Il occupe toutes mes pensées. Et quand je dis toutes...
Je me rends bien compte que j'aime ça: que quelqu'un soit amoureux de moi. Je deviens accroc à ça, à ses regards, ses sourires, toutes ses petites attentions mais..
Je ne dois pas. Je ne l'aimais pas comme ça. Pas comme lui.
***
Cet andouille n'a pas changé d'un poil. On s'est jeté dans les bras l'un de l'autre en sautillant comme des fous. Je passe la journée avec lui et peut être la nuit aussi. Il est mon meilleur ami, mon confident et à l'occasion mon amant...
***
On a parlé de tout sauf de ça...
" Dis Bill... ce type qui te harcelait, vous l'avez coincé?" lâche-t-il comme une bombe.
Je m'étouffe presque avec mon Seven Up en relevant les yeux vers lui. Il.. on balance pas des questions pareilles sans un peu de tact, nan?
Andy:" Désolé mais ca te stressait tellement, je me suis inquiété, j'ai vraiment eu peur que tu tiennes pas le coup et je voudrais être sur que tu es en sécurité."
Pouvais-je lui en parler ? Il est moins coincé et étroit d'esprit que la plupart des gens que je connais et un avis extérieur m'aiderait sûrement.
" Ouais, en fait il s'est dénoncé. Il supportait plus de me faire du mal tu sais. Il était prêt à se faire enfermer et.. il n'a fait que m'aimer alors j'ai demandé sa libération." Lui expliqué-je
" Bill, putain! Après le mal qu'il t'a fait? Tu te rends pas compte ce genre de pervers ne s'arrête jamais. Et qui est ce connard au fait?" S'indigne-t-il.
" C'est pas un connard. Ni un pervers.. et c'est... putain Andy tu le diras à personne hein? Je peux te faire confiance?" lui rétorqué-je en me rembrumant.
Il médite, il sait que c'est important. Sait que s'il me trahit il me perd et perd Tom aussi. Il soupire et hoche finalement la tête.
" Oui Bill, vas y. Je te promets de garder ton secret." Affirme-t-il d'un ton grave.
" Y'a que l'inspecteur, moi et lui qui sont au courant et c'est.. tu sais tu vas trouver ça étrange mais je veux pas que tu le juges parce que j'y tiens à cette personne tu sais?" Lui avoué-je hésitant.
" Est ce que tu serais tombé sous son charme?" M'interroge-t-il d'un ton amusé.
Mes joues s'empourprent sans que je commande rien et je bégaie un truc incompréhensible ce qui le fait bien marrer. Il démord pas du fait que je craque pour ce mec et peut être ... peut être qu'il n'a pas tout à fait tort.
" Bon alors t'accouches?" S'impatiente-t-il.
" C'est Tom." Lui balancé-je très vite.
Il devient rouge , plus rouge.. merde! Il s'étouffe avec une fraise tagada. Je panique et frappe son dos de toutes mes forces, il tousse et je la vois voler par dessus la table et s'écraser au pied du meuble télé..
Ses yeux qui pleurent encore et sa bouche toujours en forme de O me rendent vraiment très nerveux. J'ai peut être commis la plus grosse boulette de toute ma vie.
Je ne peux plus soutenir son regard, de toutes façons je ne parviens pas à le décrypter. J'admire sa moquette. Ce silence est stressant et surtout interminable. Je soupire d'angoisse. Gratte mon vernis.
Je distingue le bruit de longues gorgées ... et attend... magnifique moquette.
" Okay... Tom? C'est pas... putain! Mais vous êtes jumeaux bordel!" s'exclame-t-il encore sous le coup de la surprise.
Il se lève brusquement et marche en long, en large et en travers en répétant des sheibe, j'y crois pas et autres Mein Gott. Je suis du genre très nul pour réagir et me contente de me recroqueviller entre les coussins moelleux du canapé jusqu'à ce que ça se passe. Au bout d'autres longues minutes, il s'affale à côté de moi.
" Et.. il est allé aux flics ce con? Pour se dénoncer?" Demande-t-il la tête plongée dans ses mains.
J'étire un petit sourire en triturant le bas de mon haut trop long.
" Il.. il ne voulait pas me faire de mal, il... il en souffre tellement de tout ça. Si je reste pas avec lui la nuit, il dort pas et passe son temps à pleurer. Ça me rend malade et puis...." lui murmuré-je en hochant lentement la tête.
Tu sais c'est agréable d'être le centre de son monde."
"Non! Non et non! T'arrêtes ça de suite Bill.. tu... tu vas pas t'y mettre aussi et en plus si tu trouves juste ça bien tu vas le faire espérer pour rien et ce sera encore pire. Alors laisse lui avoir son gros chagrin d'amour et.. et il passera à autre chose. C'est le meilleur conseil que je peux te donner. De mettre de la distance!" Me préconise-t-il toujours choqué.
Ses mots tournent dans ma tête mais quelque chose me dérange, pourtant ses conseils sont censés mais non, je n'aime pas ça, et ne veut pas mettre de distance. J'ai besoin de mon Tomi moi, comment vous voulez mettre de la distance avec la personne qui partage toute votre vie et qui vous aime plus fort que tout ? Moi j'en suis incapable.
***
En quelques semaines, on s'est beaucoup rapprochés, on a beaucoup parlé.
Comme ce soir .. ouais ce soir...
Je suis sur le cul. Il ne me demande pas vraiment ça? C'est juste un rêve, ouais je rêve là. Ou ce sont mes oreilles qui délirent?
Je déglutis. J'ai les yeux grands ouverts et les bras ballants.
" Alors, tu.. tu en penses quoi?" Insiste Tom d'une voix très très mal assurée.
Attends, tu veux.. là... je.... je ferme les yeux très fort parce que ca me fou la trouille. Je suis pas prêt pour tout ça mais pas prêt du tout. Les paroles d'Andy me reviennent comme un boomerang, oui parce qu'Andy fait tout ce qu'il peut pour me raisonner et la dernière fois ça c'est super mal terminé. Je supporte pas que quiconque veuille m'éloigner de Tom. J'ai jamais pu le supporter.
Et malgré ces centaines de messages pour s'excuser bah je l'ai pas rappelé. Pas envie d'entendre ses conneries, oui c'est ma conclusion: Andy ne sort que de la merde sur Tom et moi!
Mon jumeau se tient devant moi en me fixant avec ses grands yeux noisettes tout plein d'inquiétude. Il est trop chouppy là. Je lui offre un petit sourire. Oui oui Tom m'a juste .... il squatte ma chambre maintenant et là... tout ça c'est un peu brutal.
On est devenu inséparables.
Il m'a .. je le crois pas qu'il ose me demander d'être son petit ami. C'est super flatteur mais... c'est mon frère !
Il sait que je vois plus personne, parce qu'il me suffit, sa présence me suffit. Son amour me suffit.
Mes muscles se décrispent un peu.
" Tu sais je comprendrais que tu refuses hein.. je... je sais que c'est.. mais on est si proches que ... enfin voilà. Je veux pas bouffer ta vie non plus et je me suis rendu compte que c'était ce que je faisais alors autant le faire complètement? Sinon, repousse moi une bonne fois pour toutes Bill parce que moi, je, j'ai du mal à te suivre tu sais. Dis moi juste ce que tu veux."
Le repousser? Et là je comprends que j'en suis foutrement incapable. Et baisse les yeux. Mon sourire s'étire encore plus. Il est tellement adorable. J'en suis sûr à présent.
"Oui." Lui réponds-je.
Je rougis un peu et gratte le lino avec le bout de ma chaussure. Je devine que ses yeux papillonnent un moment avant que l'info atteigne ses neurones et puis.. il bondit en l'air avant de m'étouffer très fort contre lui en pleurant de joie.
" Et je .. je peux t'embrasser?" Chuchote-t-il au creux de mon oreille.
J'hoche lentement la tête. Ses lèvres se posent sur les miennes avec une douceur déconcertante, mes yeux se ferment et des frissons me font perdre pied.
Sa langue me caresse doucement, trace les contours de mes lèvres et moi je fonds toujours plus. Je gémis. Une larme de bonheur roule sur ma joue parce-que...
Ces fameux papillons, je les sens enfin.
FIN