DEVINE CHAPITRE 18

J'ai fui. Oui encore. Je me cache à l'autre bout du camping. Putain! Mais qu'est ce que j'ai fait? Qu'est ce que je dois faire?
Et le téléphone d'Andy sonne occupé depuis une plombe. Je vais pas bien. Pas bien du tout. Je frappe dans un pin et m'égratigne un peu la main. Et recommence.
Je tombe à genoux dans la terre humide. Non je pleure pas.
J'suis un mec pas une lavette. Je recompose.
Enfin.

Andy:" Retourne de suite le voir andouille! Il est en panique totale là. Tu peux pas lui dire ça et te casser comme un voleur. Merde Bill! Fais lui confiance, pour toi, pour vous."
Moi la voix étranglée:" Il.. il t'a appelé?"
Andy:" Oh oui! Il m'a appelé, il .. Bill le laisse pas comme ça. Pas cette fois."

...

Mais quel con! Je cours le plus vite possible. Il est pas comme lui, pas à jeter les autres quand ils s'attachent trop. Je cours et entre comme une bourrasque. Il est recroquevillé en serrant un des mes T-shirts contre lui. Son visage est trempé.
Il écarquille grand les yeux et bondit vers moi. Je recule un peu. Il doit être en colère.. et cette fois je l'aurais bien mérité.

Il me touche doucement le visage et murmure:" Tu.. tu vas bien?"

J'ai du mal à respirer.. pourquoi il me donne pas une bonne claque pour me remettre les idées en place? Pourquoi il m'embrasse avec tant de douceur?
Pourquoi Tom?

Il se recule et essuie ses larmes. Il me sourit.

Tom toujours si doucement:" T'as eu peur, c'est ça?"

J'hoche la tête et lui me sourit toujours. Il prend ma main et m'assoit sur une chaise. Il est tellement doux, tellement différent. De lui. Il me fixe et moi j'ose même plus le regarder. J'ai honte. Parce qu'il...
Andy a raison. Il a explosé le score.

Tom:" Je nous fais un bon petit déjeuner et Bill, je te poserais pas de questions, juste si t'as envie de parler: je suis là. Je serais toujours là tant que tu voudras de moi."

Je suis foutu. Complètement foutu. Et craque. Je balance un verre contre le mur. Mais il recule pas. Je suis tout tendu. Je peux plus...

Moi:" J'avais 11 ans. C'était l'été juste avant la rentrée. Avant notre rencontre. J'aimais provoquer, qu'on me regarde. Je savais comment faire pour paraitre plus vieux. Je conaissais les mots, les codes, les gestes. C'était tellement facile. Il s'appelait Yoakim.
Tout le monde était persuadé que j'en avais 13 ou 14. Il le croyait aussi. Il était tellement beau. J'avais jamais vu ça, ressenti ça.
C'était un soir lors d'une fête sur la plage. On a fait l'amour, je croyais que c'était ça. Ca m'a fait mal mais j'ai rien dit. Je lui ai pas demandé d'arrêter. J'ai pas pleuré. Je ...
Je simulais pour qu'il me quitte pas. Je pensais que si je le faisais chier pendant ça, c'est sur... les filles bavaient sur lui et j'avais tellement lutté pour l'avoir. J'avais pas le droit de me plaindre.
Il m'a baisé sur cette putain de plage et le lendemain il en baisait une autre. Mais c'était normal. C'est ce qu'il me répétait. On sortait quand même ensemble. Là aussi j'ai fermé ma gueule j'avais le role de l'épouse et les autres n'étaient que des maitresses sans importance.
J'ai fait comme lui. J'ai flirté avec un gars et il m'a frappé si fort en me gueulant que j'étais à lui. Que j'étais une pute! J'ai eu mal mais là non plus j'ai pas pleuré. J'ai juste acquiescé comme un con. Il m'a fait tellement mal cette nuit là.
Et puis il m'a quitté pour cette pétasse...
Ca m'a détruit. Je l'aimais comme un dingue et toi.. toi putain! T'as fait tout comme moi et j'avais rien compris, rien du tout et je.. je...ça fait tellement mal d'aimer."

Achève moi! Maintenant. Ou garde moi toujours. Je sens ses bras me resserrer. Sa chaleur, son odeur... Je le sens me porter. Il me pose sur notre lit et me garde tout contre lui.

Tom:" Tu te trompes Bill, ca peut faire du bien aussi l'amour. Malgré tout, tu m'as fait beaucoup de bien. Ca peut être tellement génial si on le veut tout les deux."

Je renifle.

Moi:" Est ce que.. que je suis à toi? Est ce que je...j'avais fait quelque chose de mal? Est ce que c'était ma faute?"
Tom:" Non Bill. Bien sur que non. C'était juste un connard mais il faut pas le laisser te gâcher la vie plus longtemps. Que ce soit avec ou sans moi: je veux que tu sois heureux."
Moi:" Serre moi plus fort."

Et ses bras me coupent presque la respiration mais ça me fait vraiment du bien. Telelment de bien. Est ce que je peux ressentir ça toute ma vie?

Moi:" Et y'aura pas d'autres filles hein?"
Tom:" Je n'ai jamais voulu d'elles. J'ai jamais compris pourquoi..."
Moi:" Parce que je voulais plus me tromper et je te testais encore, encore et encore parce que rien ne me rassurait. Et tu es toujours revenu."
Tom:" Et je reviendrais toujours."
Moi:" Je me suis détesté de t'envoyer dans leurs bras mais j'y arrivais pas, je j'arrivais pas à..."
Tom:" Chutt.. c'est fini tout ça. "